Dog
05 12 2017

C'est pour qui le susucre ?

Santé
animal
Food

Nourrir son chien ou son chat est un acte anodin que tous les propriétaires font naturellement pour leur bien. Et pourtant, si le petit morceau de sucre ou l’os du poulet n’était pas si conseillé. Et si votre marque préférée de croquettes ne répondait pas vraiment à ses argumentaires publicitaires ? La journaliste Morgane Kergoat a réalisé toute une enquête qui nous amène à réfléchir à la manière dont les animaux domestiques sont nourris.


Réfléchissons nous vraiment à la nourriture que nous donnons à nos animaux domestiques ?

Morgane Kergoat : Nous avons une attitude le plus souvent irréfléchie lorsqu’il s’agit de nourrir son animal. Soit nous suivons les conseils que l’éleveur nous a transmis, ou bien nous avons le même réflexe que pour nous, à savoir se tourner principalement vers les grandes surfaces en pensant que ce qui est cher correspond à du haut de gamme. Généralement nous allons choisir un prix moyen en pensant prendre quelque chose de correct sauf qu’en faisant cela, nous nous dirigeons bien souvent vers des aliments de mauvaises qualités.


Et puis souvent nous donnons à nos animaux ce que nous mangeons nous-même en pensant naturellement que ce qui est bon pour nous est forcément bon pour eux. C’est une fausse croyance ?

Il faut rester dans la nuance, il y a effectivement des produits qui sont toxiques pour les animaux mais tout dépend aussi de la dose. Pourtant, à l’écriture du livre, je me suis trouvée parfois démunie car en croisant les données vétérinaires, je me suis aperçue que les doses conseillées n’étaient pas les mêmes voire même qu’il n’y avait pas d’effet dose et que tout dépendait de la sensibilité de l’animal. Il devient, par exemple, de plus en plus courant, en médecine naturelle de donner à son animal de l’ail ou de l’oignon comme vermifuge. Le problème c’est que l’on est peut-être en train d’empoisonner son animal en voulant le préserver. Pour que chacun fasse les choses en conscience, il me paraissait important de prévenir. Beaucoup de propriétaires ignorent aussi la dangerosité du chocolat pour les animaux.

Il y a dans votre ouvrage des aliments plus surprenant encore comme le raisin ou l’avocat. Qu’en est-il ?

Le raisin, c’est effectivement la grande surprise de cette enquête. C’est un fruit qui nous semble sain. Ce qui pose généralement un problème avec les fruits, c’est le noyau. Les fruits à pépins sont moins dangereux car plus facile à ingérer. J’ai eu des témoignages de personnes, vivant dans une zone viticole et qui ont perdu leur chien en pensant qu’il avait été empoisonné. Il s’avère que les chiens, qui divaguaient souvent, faisaient certainement une consommation importante de raisin. L’avocat que l’on conseille facilement dans notre alimentation est un fruit particulièrement toxique pour les animaux. Tout dans cette plante, de la feuille au noyau en passant par la chaire, est dangereux. On connaît très mal ce fruit et il est important d’être très vigilant lorsqu’il s’agit d’en donner à son animal de compagnie. Tout est encore une question de dose.


Vous rappelez à ce sujet que l’alcool est dangereux pour les animaux et pour résoudre le problème, les américains ont créé un vin sans alcool pour les chiens. Faut-il rire ou s’inquiéter de cette dérive ?

En tant que journaliste je ne fais que constater. A titre personnel, je vois ça d’un très mauvais œil car je trouve cela pernicieux. L’amour que les maîtres portent à leur animal les pousse à tout partager et veulent pouvoir trinquer avec eux autour d’un apéritif. C’est un problème d’anthropomorphisme. C’est nier une nature très différente de la notre. Si nous les aimons, il faut essayer de respecter leur nature.


Parmi les autres aliments dont l’effet est très différent pour les animaux, je pense au Xylithol qui, s’il est plutôt conseillé aux personnes diabétiques pour sa très faible glycémie est une véritable bombe pour le chien ou le chat ?

Le problème des édulcorants, c’est qu’ils miment l’action du sucre sans en être. L’organisme du chien ne réagit pas comme le notre. Il va alors s’emballer car il va assimiler très rapidement ce « faux sucre » et réagir comme s’il avait ingéré une quantité énorme de sucre. Son pancréas va libérer beaucoup d’insuline pour régulariser cela, sauf qu’il n’y a pas de sucre. C’est alors l’hypoglycémie assurée.


Les chiens et les chats sont des carnivores. Est-il vraiment conseillé de leur donner des légumes ?

Oui et non. Les carnivores mangent des herbivores qui eux même mangent de l’herbe ou encore des fruits. Il est naturel qu’il y ait un petit peu de végétaux dans leur alimentation. Ce qui est intéressant avec les légumes, c’est qu’ils amènent des fibres. Ils auront, sur le tube digestif, la même action que les poils de la proie.


Les animaux domestiques sont-ils nourris en majorité avec des aliments industriels ?

C’est plus de 90% des propriétaires de chiens et de chats qui utilisent des aliments industriels. Les plus achetés sont les croquettes, qui représentent l’essentiel alimentaire de la plupart des chiens. Les propriétaires de chats ont un peu moins cette pratique car ils sont plus sensibilisés à l’importance de donner aussi de la nourriture humide (donc des pâtés).


C’est ainsi que l’on s’aperçoit que c’est un véritable marché que se partagent des multinationales comme Nestlé et Mars qui, à elles deux se partagent de nombreuses marques très connues. Que trouve-t-on dans ces croquettes ? Peut-on leur faire confiance ?

Non ! A l’intérieur d’une marque, il y a des gammes meilleures que d’autres. Ensuite, c’est d’essayer soi-même d’avoir connaissance de ce que l’on peut trouver dans cette alimentation. Pour cela, il est important de savoir décrypter les étiquettes. Il n’existe pas de croquettes bonnes pour tous les animaux. Chaque chien a ses goûts, sa santé et surtout son mode de vie. Ensuite les races peuvent avoir une incidence. Par exemple les Huskys gèrent moins facilement l’amidon et les croquettes composées de beaucoup de céréales sont très dangereuses. Certains chiens seront plus actifs que d’autres et pourrons mieux digérer des croquettes plus riches en graisses.


Comment s’y retrouver ?

Il faut s’y pencher au cas par cas et avoir soi-même des connaissances. Pour être certain, parlez-en avec votre vétérinaire même si certains ont des conflits d’intérêts. Les vétérinaires salariés ne touchent aucun pourcentage sur l’alimentation. Si vous vous retrouvez dans un cabinet qui ressemble aux rayons d’un supermarché, posez-vous quelques questions quant à l’indépendance du soignant. Ensuite il y a des marques un peu meilleures que d’autres à l’image de Royal Canin qui n’a pas la même qualité que Wiskas. Certes la première est beaucoup plus chère. Donner la première et mieux que la seconde. Mais c’est une industrie qui n’ouvre pas ces portes et il reste compliqué de penser qu’en payant plus, nous aurons forcément une plus grande qualité. La seule chose dont on peut être certain, c’est que l’entrée de gamme n’est pas nutritive. Ensuite il y a des petites entreprises comme le Normandise qui ne fait que du haut de gamme, en toute transparence.


Finalement, c’est le même problème que pour les humains ?

Exactement. Nous commençons à comprendre que l’industrie produit une nourriture trop grasse et trop sucrée. Pour les animaux, c’est la même chose en pire car il y a moins de textes légaux comme pour les mycotoxines dont seule une possède un seuil. Pour les autres nous attendons de voir. Elles seront légiférées lorsqu’il y aura des victimes. Aux Etats-Unis la législation est plus stricte et va jusqu’à se poser la question de présence d’animaux euthanasiés dans l’alimentation. La nourriture pour animaux est constituée des déchets d’abattoir. Il y a donc de bons déchets et d’autres moins comestibles comme des plumes, des cornes ou des sabots. Si les animaux peuvent le supporter, ce n’est pas cela qui va les nourrir.


Il existe la fédération européenne de l’industrie des aliment pour animaux familiers (FEDIAF). Exerce-t-elle un véritable contrôle sur cette industrie ?

Le mot contrôle est peut-être un peu fort, mais ils y prennent part. Les industriels décident de tout jusqu’à ce qui est inscrit sur les étiquettes. Si vous pouvez toujours trouver les infos, ils ne sont pas transparents. Il y a moins de parti pris dans l’alimentation humaine.


Justement, nous nous posons de véritables questions pour assainir notre alimentation et notre santé, en est-il de même pour nos compagnons à quatre pattes ?

Je pense que ça commence. C’est un mouvement qui se fait pas mal entendre aux Eats Unis où les aliments industriels peuvent être dangeureux. Il y a eu plus des plaintes contre des produits inapropriés pour les animaux. En même temps le marché est plus grand et les marques sont plus nombreuses. Certaines d’entre eux ont bien compris que l’enjeu est là, chez le consommateur. En France, on va le trouver chez des marques connues comme Virbac qui communique beaucoup sur les valeurs nutritives de ses produits. S’ils font ça, c’est qu’ils savent que le consommateur va s’y intéresser. La marque Amikinos, qui n’est pas encore très connue en France, communique sur son site avec des certificats d’huissier à l’appuis. C’est une forme de communication qui prouve bien ce virage.

Propos recueillis par Florent Lamiaux


+ Vous êtes fous de leur faire avaler ça ! de Morgane Kergoat (Edition Flammarion)

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