Autonomie : les étudiants cuisinent-ils ?
Se lancer dans sa vie, quitter sa famille et cuisiner de bon petits plats… C’est possible avec « Cuisine ta mère »
Etre étudiant c’est découvrir une liberté qui peut avoir ses revers. Quitter le nid familial, c’est envisager son autonomie et les petites difficultés qui vont avec comme cuisiner. Fini les petits plats du soir préparés avec amour par une maman au top ou un papa chef des fourneaux. Il faut se débrouiller et c’est souvent à ce moment là que la junk food prend sa place dans les placards des étudiants démunis. Pour remédier à cela, Olivier Gueret a fondé « Cuisine ta mère ».
C’est un média culturel sur l’univers de l’alimentation à destination de la population étudiante. C’est une manière ludique de donner à tout ceux qui ont quitté le foyer de se mettre à la cuisine. « Ils ne sont pas, dans leur grande majorité, préoccupés par une cuisine saine. Nous considérons que s’ils font la cuisine eux même et s’intéressent à leur assiette, ils vont naturellement manger mieux » précise le fondateur. Ainsi le propos réside dans l’idée d’apprendre à transformer soi-même les aliments. « C’est toujours mieux que d’avoir acheté un paquet de chips et de n’avoir rien transformé. Nous sommes un anti blog de cuisine car il en existe beaucoup. Nous cherchons à toucher les personnes qui n’ont pas l’habitude de cuisiner ou qui pense ne pas savoir. Nous voulons leur apprendre qu’avec peu de choses ils peuvent se faire plaisir » poursuit Olivier Gueret. Chez « Cuisine ta mère » point d’injonction ou de norme et c’est à partir de là que les étudiants vont se pencher sur la teneur de leur panier de courses.
L’envie de choisir ses produits, va susciter l’envie de les cuisiner puis de les goûter. Cette adéquation s’harmonise tant sur le plan économique que qualitatif.
De la frustration à l’autonomie
Qu’il est frustrant de ne plus sentir le fumet qui s’émane de la cuisine familiale au moment de passer à table. L’étudiant doit recréer de nouveaux codes correspondants à sa nouvelle autonomie. La pénurie et l’anticipation sont les premières appréhensions de cette nouvelle indépendance. C’est une première étape primordiale. Vient ensuite la fierté du « faire soi-même » et du « savoir faire ». « Aujourd’hui nous sommes face à une génération que l’on nomme « génération Top Chef ». Elle a grandi avec les nombreuses émissions culinaires et se retrouve alors moins désarçonnée lorsqu’il s’agit de faire » précise le fondateur de « Cuisine ta mère ». L’autonomie passe par l’apprentissage de recettes simples et l’art de prévoir les courses pour les réaliser.
Alimentation et budget
Si le budget des étudiants est certes réduit, l’argent ne semble pas être le problème de l’alimentation des étudiants, confirme l’enquête réalisée par le portail. Pour 80% des étudiants, l’alimentation est plutôt un problème d’arbitrage des dépenses. L’apprentissage de la cuisine ne se fait pas naturellement en famille et la conséquence en est, cette incapacité à réaliser une cuisine simple et anticipée. « Les étudiants sont souvent perdus lorsqu’ils font leurs achats alimentaires et c’est la double peine car ils sont condamnés aux enseignes de proximité lorsqu’ils n’ont pas de voiture. Leur coût panier, déjà faible, devient plus compliqué à tenir car fait dans des commerces plus couteux ». Pourtant même si la junk food reste l’alimentation la plus facilement accessible pour un étudiant, cette génération « Top chef » chercherait, de plus en plus, à mieux s’alimenter. « Il existe un vrai courant qui s’inscrit dans des mouvements vegan, healthy, bio, locavore… mais ils sont aussi guidés par l’écologie et l’environnement. Ils vont avoir des comportements plutôt à la pointe. Mais l’alimentation doit rester un plaisir et c’est une période de notre évolution qui a besoin d’un maximum de plaisir » poursuit Olivier Gueret.
Etudiant et cuisines équipée
Les logements étudiants ont beaucoup progressé. Qu’il s’agisse de résidence étudiante, d’appartement, de collocation, il y a au minimum une plaque chauffante, un réfrigérateur, un four, une poêle et une casserole. Pourtant, il y a encore 10% des étudiants qui se considèrent comme des survivants et n’ont rien chez eux et estiment n’avoir pas un budget suffisant pour se nourrir correctement voir même manger à leur faim. La cuisine des étudiants a donc évolué et la plupart des lieux de vie sont plutôt bien équipés. Autre évolution, les garçons se mettent à la cuisine et il n’est plus vraiment tendance de dire « Je suis un homme et je ne sais rien faire en cuisine ». Cependant, le site « Cuisine ta mère », est plus facilement suivi par les jeunes femmes que les jeunes hommes.
Florent Lamiaux
