Spiruline 2048
10 07 2018

Spiruline : cultiver l’évidence !

Spiruline
Mediterranée
Bio

Marie-Aurore Alcaraz est concentrée, sous ses serres brûlantes sous le soleil varois, essuyant un tuyau et le rangeant consciencieusement. Derrière elle s’étendent de longs bassins à l’eau vert émeraude dans lesquels ce petit bout de femme produit de la spiruline.


Ancienne architecte d’intérieur, elle ne se destinait pas à l’agriculture. Il y a neuf ans, ce sont des soucis de santé qui ont obligé son couple à se prendre en charge. Marie-Aurore découvre alors la spiruline et ses soi-disant propriétés. Elle et son époux décident d’essayer, mais elle n’est pas convaincue et cesse son traitement au bout d’un mois. « Mon mari a poursuivi la cure en respectant les doses qui lui avaient été suggérées. J’ai constaté, au bout de quelques semaines, que son état s’améliorait plus vite que le mien. Je m’y suis alors sérieusement mise. » Quelques semaines suffisent pour que son état s’améliore et elle se fait la promesse de s’intéresser de très près à cette algue si elle arrive à s’en sortir.

« Ma spiruline est nourrie au CO2, avec du bicarbonate de sodium et du magnésium qui recréent son élément naturel et tout ce qu’elle trouve dans la nature. »

marie aurore alcaraz


En 2012, elle met sa promesse à exécution et s’investit dans la culture de la spiruline au point d’en faire plus qu’un métier, une véritable vocation. Marie-Aurore suit une formation au CFPPA (Centre de formation professionnelle et de promotion agricole) à Hyères (83) et va, durant une année, à la rencontre des producteurs. L’aventure débute comme une évidence. « Tout est arrivé au bon moment et je n’ai aucun regret. Je me lève très tôt tous les jours mais je pars travailler avec plaisir. » 

C’est un terrain en friche qui va servir d’exploitation. Il faudra deux ans à la nouvelle agricultrice pour faire naître un aménagement impeccable où effectuer un travail de précision. De longs bassins d’une vingtaine de centimètres de profondeur deviennent le berceau de sa production. Des roues à aubes brassent l’eau en permanence, une nurserie crée la biomasse qui va ensemencer les bassins, les récolteurs et les tables de récolte. La serre est très chaude car la spiruline à besoin d’une température entre de 30 à 38 °C pour se développer, aussi élevée que celle de son climat naturel dans la ceinture équatoriale. Dans un lieu plus frais, Marie-Aurore a aussi son laboratoire où elle travaille et sèche sa récolte.

« Chez Marie-Aurore, pour faire une belle spiruline, l’hygiène est un acte presque militant. »

spiruline


La courageuse agricultrice ne compte pas ses heures et c’est très tôt le matin, vers 2 h 30, qu’elle entre dans son domaine. « Je dois quitter la serre vers 7 h 30-8 h car il y fait une trop forte température. Je suis ensuite dans le laboratoire. Je m’en vais vers 13 h. »

Mais sa journée est loin d’être terminée car, pour faire honneur à son label « Qualité Tourisme », elle reçoit des groupes de visiteurs à qui elle explique sa passion pour cette algue bleue aux vertus protéinées et vitaminées exceptionnelles. « Entre 17 h et 18 h, je dois sortir la spiruline du séchoir, la broyer et la mettre en sachets. Je termine ma journée vers 19 h. » Ce rythme est quotidien du mois d’avril au mois de novembre, période de culture.

« En début de saison, je prépare les bassins que j’ensemence. Généralement, lorsqu’un bassin est ensemencé, il produit une semaine après. » Le froid de l’hiver étant défavorable à l’élevage de l’algue bleue, Marie-Aurore conserve la souche dans les petits bassins de sa nurserie. Cette culture est très précise. Elle s’opère par filtration afin de permettre au milieu de culture de rester dans le bassin.

Une fois la spiruline récoltée, l’agricultrice la laisse s’égoutter. « Je la mets sous presse pour lui enlever ce qu’il reste de milieu de culture et d’eau. » Elle obtient alors une texture proche de la pâte à modeler. Marie-Aurore passe alors la spiruline dans un poussoir hydraulique pour l’extruder et la façonner en fins spaghetti qui finiront au séchoir. Cette opération peut durer quatre heures ou plus, suivant l’importance de la récolte. « Le séchage se fait toujours à froid pour ne pas lui faire perdre l’essentiel de ses propriétés. » Car la spiruline, pour être de très bonne qualité, doit conserver un taux d’humidité entre 5 et 7 %. « C’est l’expérience qui nous guide dans cette finalisation », précise Marie-Aurore.


« Si l’on veut faire correctement de la spiruline, il faut être passionné. Je vends 70 % de ma production sur place et le reste sur internet. Il y a encore beaucoup de personnes qui ne connaissent pas la spiruline. J’en reçois tous les jours qui la découvrent. »

Et chez Marie-Aurore, l’hygiène est un acte presque militant pour faire une belle spiruline. « C’est très important parce que c’est un aliment. » Elle nettoie, range et s’active dans un environnement très propre.

spiruline bio

Même si la spiruline est un microtype qui s’adapte à son milieu, l’agricultrice reconnaît que sa culture très pointue exige de la rigueur. « Je la nourris au CO2. Je lui donne du bicarbonate de sodium et du magnésium, entre autres. J’essaie de recréer son environnement naturel et tout ce qu’elle trouve dans la nature. Tout est pesé, au gramme près, pour maintenir la même densité et la même qualité de spiruline dans les bassins. »


C’est une algue plutôt fragile, qui fait aujourd’hui l’objet de projets nutritionnels répondant à la malnutrition due à la pauvreté croissante dans certaines régions du monde. Marie-Aurore, de son côté, poursuit avec passion sa culture et pense déjà à produire une spiruline dont les propriétés seront encore plus puissantes. 


Florent Lamiaux

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