La cuisine médiatrice et révélatrice

Se reconnecter à soi-même par le bais de ce que l’on mange. Redéfinir les subtilités de son bien-être par le biais de la cuisine, c’est en substance ce que propose Edith Dumont, cheffe à domicile qui puise dans les trésors de la médecine indienne pour adapter au mieux ce qu’elle nomme sa cuisine intuitive. Ce concept est parti d’un pari fou, celui de réaliser tout un repas de communion (la symbolique ne fut sans doute pas un hasard). Rencontre avec cette créatrice de saveur qui se définit comme une « reconnecteuse ».

C’est quoi une cuisine intuitive ?

Edith Dumont : C’est une cuisine inspirée de la nature et des ingrédients que je sens, que je touche, que j’écoute au détour des marchés ou encore de mes promenades. Au départ ce qui m’a inspiré en cuisine ce sont les plantes sauvages. 

Quel a été votre parcours jusqu’ici ?

Tout est parti d’une reconversion professionnelle. Je ne m’imaginais pas cuisinière dans un restaurant. Je voulais travailler autour d’instants privilégiés, conduire les gens à travers leurs sens. Je voulais faire découvrir une approche consciente de l’alimentation. Faire savoir que manger n’est pas simplement un acte physiologique, mais un réel plaisir. Je voulais la cuisine comme une invitation à regarder, à sentir mais aussi à ressentir. C’est le végétal sauvage qui m’a amené à penser que l’alimentation peut être très puissante.  Pour moi, la cuisine c’est un médiateur.

Lorsque l’on ne s’imagine pas cuisinière, qu’est ce qui crée le déclic pour l’être finalement ?

C’est véritablement l’envie d’aller à la rencontre de l’autre et l’amener à ce qu’il se reconnecter à travers ce qu’il mange.

Comment pourriez-vous définir le concept de Ma cuisine intuitive ?

Ce sont des ateliers de cuisine ayurvédique, à laquelle j’ai été formée. C’est une cuisine riche de couleurs et d’épices. Ces dernières nous permettent aussi de comprendre combien elles viennent faciliter la digestion. J’avais d’importants problèmes digestifs qui se sont très largement améliorés grâce à cette cuisine. Ce sont donc des recettes inspirées de l’ayurveda, mises au goût du jour en partie par ma passion des plantes sauvages. C’est une volonté de reconnecter chacun à ce qui est bon pour lui. Ce n’est pas une cuisine toute faite, mais au contraire des plats qui s’adaptent à chaque personnalité.

L’Ayurvéda c’est la médecine indienne, qu’est ce que la cuisine ayurvédique ?

C’est une approche de la cuisine végétarienne qui tient compte de la constitution de chaque personne dans son unicité. Ce sont des recettes qui vont être adaptables selon notre constitution du moment.

Comment connaît-on sa constitution ?

Je travaille avec un thérapeute en ayurvéda. Il va prendre les pouls de chaque personne qui correspondent aux trois constitutions principales définies par l’Ayurveda (Vata, Pitta et Kapha ). Un pouls va donner certaines caractéristiques. Par exemple un pouls Vata indiquera une forte présence des éléments éther (assimilés à l'espace) et air. C’est donc une personne qui aura tendance à être légère mais peut-être aussi aérienne dans sa tête et ainsi se disperser. Elle pourra par exemple être très créative et entamer de nombreux projets mais n’en aboutir aucun. A travers la nourriture nous pouvons la ramener vers le sol par le biais d’une nourriture plus lourde, plus grasse. C’est une option que je ne privilégierais pas chez une personne Kapha (qui va être plus lymphatique). Nous allons amener les personnes à observer cette spécificité chez elles. En Ayurveda rien n’est bien ou mal, c’est juste une manière d’ajuster les choses.

Cela laisse entendre que les aliments s’associent à des éléments ?

Pas uniquement les aliments, mais aussi la méthode de les cuisiner. Lorsque l’on est trop sec, nous allons privilégier une cuisson alternée à la vapeur et à l’étouffée. Chez une personne Kapha, je vais utiliser uniquement le Vitaliseur de Marion car je vais cuire tout à la vapeur. Je joue ainsi avec les éléments et cuire aussi bien dans la terre que l’inox. Et si j’ai plusieurs convives à ma table, je vais mélanger ces techniques pour équilibrer la cuisine pour tous. Ce qui va changer sera surtout le nombre d’épices.

Cette cuisine intuitive peut jouer un rôle thérapeutique ?

Oui, car il y a cette envie de reconnecter chacun à ses vrais besoins. Nous parlons aujourd’hui, beaucoup, de cette notion de plaisir. Mais l’important c’est de répondre à un besoin qui met en équilibre.

Comment vous expliqez-vous l’importance de la cuisine dans nos vies depuis quelques années ?

Il y a beaucoup de choses qui se sont perdues. Je me souviens avoir vu ma grand-mère et ma mère cuisiner mais je reçois beaucoup de personnes dans mes ateliers qui n’ont pas eu cette chance. Pas mal de grand-mères n’ont plus le souhait de cuisiner. Nous pouvons comprendre qu’après avoir élevé des enfants, elles veuillent passer la main. Aujourd’hui, les femmes et les hommes, qui n’ont pas eu cette culture, ont l’envie de se réapproprier ce savoir faire un peu perdu au même titre que la connaissance de la plante sauvage.

Les enfants font aussi partie d’un public passionné par la cuisine ?

Oui, j’organise "Les goûters mieux sucrés" avec des enfants. Ce sont des goûters où l’on apprend à faire des gâteaux sans sucres ajoutés. Nous ne travaillons que le sucre naturel et des cuissons diverses comme la vapeur.

Que vient-on chercher au cours de vos ateliers ?

Un moment de convivialité et l’apprentissage de techniques en collectif. Ceci est valable dans plusieurs domaines. J’interviens dans des centres sociaux et je rencontre des jeunes qui ont envie d’apprendre à coudre ou encore à chanter. Il y a une envie d’être réuni autour d’une thématique et l’aspect manuel semble particulièrement important. En Ayurvéda je rencontre des personnes qui ne savent pas cuisiner, en recherche d'équilibre et de mieux-être. 

Interview réalisée par Florent Lamiaux.

http://www.macuisineintuitive.com/

Facebook : Ma Cuisine Intuitive