Pommes
13 06 2017

Pourquoi Euro Toques va sauver notre terroir ?

EuroToques
Chefs
Terroir
Biologique

2500 chefs issus de l’ensemble de l’Europe se sont réunis autour d’une initiative créée par Pierre Romeyer et Paul Bocuse. Cette association qui affiche un peu plus de 30 années d’expérience est baptisée Euro Toques France. Son combat, la survie du produit de terroir et d’une cuisine saine et de saison. Le chef Christian Leclou en est un de ses fervents porte parole.


Qu’est-ce qui a poussé Pierre ROMEYER et Paul BOCUSE à créer Euro Toques ?


Christian Leclou : Il y a 30 ans, l’agro alimentaire commençait à prendre le dessus sur les produits de région et de saison. Les deux chefs étoilés ont décidé de se battre pour maintenir des produits de qualité dans toutes les régions d’Europe. Ils ont alors eu l’idée de s’associer avec tous les grands chefs des pays européens. Au bout de quelques années, ce mouvement a été reconnue par Jacques Delors au ministère de l’agriculture.


Quelle sa mission aujourd’hui ?


Nous avons un bureau à Bruxelles et nous faisons du lobbying au niveau des différentes commissions ayant un impact sur l’agriculture, mais également la direction générale de la santé et de la consommation ou celle de l’agriculture. Nous essayons de défendre des produits culturels comme le fromage au lait cru ou le foie gras qui traverse des chemins difficiles. Nous défendons tous les produits qui en ont besoin pour éviter qu’ils disparaissent. Mais ce sont aussi tous les petits producteurs qui, face à ces difficultés ont du mal à survivre. Nous sommes une association de cuisinier, la seule reconnue au niveau de la commission de Bruxelles. Notre devise, c’est : Agir pour ne pas Subir. Nous refusons de faire manger à nos clients et à nos enfants une alimentation standardisée.

Christian Leclou, porte parole d

Christian Leclou, porte parole d'Euro Toques



C’est essentiel que les chefs deviennent les garants de la qualité des produits ?


Je suis persuadé qu’il n’y a que les vrais cuisiniers pour arriver à conserver le goût et les cinq sens à nos enfants. Il est aberrant de manger des tomates en hiver. Elles n’ont pas de goût. Il faut faire comprendre à nos enfants que nous ne pouvons pas manger des fraises à Noël. Il faut travailler les produits de saison.


Cela sous-entend qu’au delà de l’aspect commercial du restaurant, vous êtes dans une relation de pédagogie avec le grand public ?


Tout a fait ! Nous tentons d’expliquer au consommateur le fonctionnement de notre association. Nous défendons certains produits pour le bien du consommateur.


Pour faire partie d’Euro Toques, il y a un code d’honneur. A quoi un chef doit-il s’engager ?


Il doit être cuisinier de formation, n’utiliser que des produits frais qu’il transforme dans sa cuisine. Il doit avoir une certaine maîtrise des produits et savoir s’exprimer à leur sujet. Nous devons nous rapprocher des enfants qui deviendront, à l’avenir, nos clients. Le code d’honneur a été établi, il y a une trentaine d’années. Il comporte une quinzaine d’articles parmi lesquels l’utilisation de produits de saison, la création d’une cuisine équilibrée ou encore la lutte contre l’obésité des enfants.


Justement il  a un engagement fort autour des enfants comme la charte des menus enfants. Aujourd’hui les chefs se détachent du steak/frites ?


Nous avions remarqué, dans nos propres familles, que chaque fois que nous allions au restaurant la proposition de restauration pour les enfants se résumait aux hamburgers et aux frites, effectivement. L’engagement des chefs d’Euro Toques, c’est de proposer aux enfants les mêmes plats que ceux de leurs parents sous une forme ou une présentation  différente. Vous n’imaginez pas à quel point les enfants ont envie de manger comme leurs parents.

Quelles dérives Euro Toques empêche t-il ?


Les normes européennes nous empêchaient de fabriquer des fromages à base de lait cru. Tout devait être stérilisé et n’apportait pas le même goût aux produits. Nous nous sommes battus pour la composition du chocolat en limitant la présence de lécithine de soja. Nous soutenons les producteurs de foie gras et sa fabrication traditionnelle. Nous avons mis en place des AOP (appellation d’origine contrôlée), des IGP (identification géographique protégée). Dans ce dernier cas, cela sous-entend que certains aliments ne peuvent pas être produits ailleurs que dans leur région de prédilection. Ainsi il est impossible de faire du jambon de Bayonne en Normandie ou du Camembert dans le Sud Ouest. Le sel de Guérande était, il y a quelques années un produit minier. Nous nous sommes battus pour qu’il soit aujourd’hui un produit agricole artisanal. La défense de la pêche durable fait aussi partie de nos actions. Il est primordial d’éviter de pêcher et de tuer les poissons en période de reproduction. Ce sont des actions qui peuvent sembler minimes mais qui sont très importantes.  


Justement où en sommes-nous de l’étiquetage des produits ?


L’avancement est lent et nous ne sommes pas des professionnels de la politique. Nous avons des difficultés à imposer plus de précisions à la visée des consommateurs notamment pour l’étiquetage des plats préparés. Même si, nous restaurateurs, nous ne sommes pas concernés nous poursuivons notre lutte. Nous ne voulons plus revoir des scandales alimentaires telle que les lasagnes au steak de cheval. Même si l’étiquetage s’est grandement amélioré, il y a encore des progrès à faire.


Le consommé local est aussi l’une de vos prérogatives ?


C’est une démarche qui avance bien et de plus en plus de cantines scolaires travaillent avec des produits locaux tant végétaux qu’autour de la viande.


Pourtant sur votre site vous mettez en avant la crevette de Madagascar ou encore la plie du Maroc, nous sommes loin du local ?


C’est au contraire une démarche vers la pêche d’aquaculture de qualité avec des produits de la mer nourris sainement. Nous sommes allés rencontrer certains fermiers aquacoles et nous avons eu envie de valoriser leurs produits.


Quel poids Euro Toques a dans la politique alimentaire européenne ?


Malheureusement pas suffisamment à notre goût, mais nous nous regroupons avec d’autres associations comme le collège culinaire de France dont l’éthique nous ressemble. Le nombre nous permettra d’être plus entendu. Nous continuons à nous fédérer pour créer des évènements et pour que certains produits ne disparaissent pas. Nous sommes diversifiés dans nos combats tout en oeuvrant pour sauvegarder les produits de qualité.


Propos recueillis par Florent Lamiaux


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http://www.eurotoques-france.fr/

http://eurotoques.be/

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