Le cancer m'a sauvée - Le témoignage de Cindy Montier
Découvrir un cancer après avoir donné naissance à son premier enfant, c’est ce qui est arrivé à Cindy Montier, créatrice du blog Curcumabox. Si l’épreuve est terrible, Cindy a trouvé sa ressource dans une approche différente de son alimentation. Remettant en cause tous ses principes, c’est une nouvelle expérience qui s’ouvre à elle et qui l’a conduite sur le chemin de la guérison. Rencontre avec une renaissance.
« À 30 ans on se croit invincible et on découvre qu’on ne l’est pas »
C’est une épreuve terrible que vous avez dû traverser : apprendre la présence d’un cancer du sein alors que vous veniez de donner naissance à votre petite fille ?
Cindy Montier : C’était le plus compliqué à gérer. On vous dit que votre enfant est votre plus grande force, mais dans mon cas cela a été ma plus grande faiblesse parce que j’avais peur de l’abandonner. Tous les sentiments liés à cela étaient bien présents. Au départ de ma maladie j’avançais avec des œillères et je ne voulais rien savoir. Petit à petit j’ai accepté de faire face à la maladie et de me renseigner vraiment.
Qu’est-ce que votre maladie vous a appris sur vous ?
Je ne me connaissais pas et mon expérience m’a permis d’aller vers moi et d’apprendre à me découvrir, à prendre soin de moi et à écouter mon corps. Avant de déclencher ce cancer, je crois que mon corps m’a envoyé de nombreux signaux. À 30 ans on se croit invincible et on découvre qu’on ne l’est pas. Notre corps est là et il faut en prendre soin.
Vous avez vécu un sentiment d’injustice ?
Lorsque vous vous retrouvez en cellule de soins et que vous croisez le regard des enfants malades, vous vous rendez compte que c’est comme ça. La maladie n’est pas juste mais elle touche tout le monde. Je n’ai jamais eu cette phase de colère ou d’injustice.
« Nous attendons souvent, malheureusement, d’être au pied du mur pour changer »
C’est l’alimentation qui vous a sauvée ?
Totalement. Ma motivation principale a été de faire un virage à 180°. Avant cela, sans avoir une alimentation anarchique, je mangeais ce qu’il ne fallait pas. Je n’avais aucune conscience de ce sujet-là. J’étais carnivore, je mangeais beaucoup de viande. Je consommais aussi pas mal de laitages et de gluten. J’aimais cuisiner mais je cuisinais mal. Je n’utilisais pas les bonnes huiles, je faisais de mauvaises cuissons.
À partir de quand avez-vous su que c’était justement dans l’alimentation que vous alliez puiser votre ressource première ?
Dès ma lecture du livre Anticancer de David Servan-Schreiber, puis après une visite chez une naturopathe. Cette femme m’a remise sur les rails d’une alimentation saine. J’avais perdu 10 kilos en moins de deux semaines et je ne savais plus quoi manger. J’étais très affaiblie. Elle m’a organisé un programme qui m’a reboostée.
Cette restructuration n’a sans doute rien de magique. Par quoi ou comment avez-vous commencé ?
Avec l’annonce de mon cancer je me suis pris une claque en pleine figure. J’étais alors surmotivée pour tout changer dans ma vie. Nous attendons souvent, malheureusement, d’être au pied du mur pour changer. La naturopathe m’a fait une liste d’aliments anticancers. Cela m’a donné un surplus d’énergie d’imaginer que des aliments allaient pouvoir m’accompagner dans mon processus de guérison. Je suis partie sur des menus établis avec des choses qui allaient me faire du bien et, surtout, en prenant du plaisir.
Par quoi ce programme a commencé ?
Arrêter la viande rouge que je mangeais beaucoup trop. Arrêter les laitages et diminuer le gluten. J’ai passé une année sans gluten. Et puis c’était la mise en place de jeûnes avant et après le traitement.
Vous ne connaissiez pas le jeûne avant cela ?
Absolument pas ! Sauter un repas était déjà pour moi le bout du monde. Et à partir de là je jeûnais deux jours avant et deux jours après une chimio.
« Une diététicienne m’avait parlé d’un cancer de guérison. Je pense qu’elle avait raison »
Avez-vous, au bout du compte, eu un sentiment de facilité ?
Avec le recul, oui, c’était facile. Il y avait cette motivation et cette envie de vivre qui faisaient tout. Lorsque vous êtes soumise à la menace de la mort, tout vous paraît facile.
À quoi ressemble votre alimentation aujourd’hui ?
Je continue encore à apprendre car il y a tant à savoir ! Je ne suis pas devenue végétarienne, mais je consomme très peu de viande et essentiellement de la viande blanche. Je mange beaucoup de légumes cuits au Vitaliseur et de légumes crus. Je mange peu de fruits car ils ne me conviennent pas. Je réalise beaucoup de jus et j’absorbe très peu de gluten. Je ne m’interdis rien, mais je suis très raisonnable.
Un détail (qui n’en est peut-être pas un) : vous avez banni la télévision ?
(Rires) Avant, nous rentrions du travail et, par réflexe, nous allumions la télé et la soirée se déroulait autour d’un plat de pâtes et d’un steak. On passe à côté de tout et on ne fait rien. Aujourd’hui nous dînons en famille et nous nous régalons. Nous réalisons un tas de choses que nous n’avions pas le temps de faire avant.
Cette maladie a donné lieu à une prise de conscience générale dans votre vie ?
Une diététicienne m’avait parlé d’un cancer de guérison. Cela m’avait semblé étrange, mais aujourd’hui je pense qu’elle avait raison. Cela fait deux et demi que je suis en rémission et je vais très bien et même bien mieux qu’avant mon cancer, tant physiquement que psychologiquement.
« Dans la maladie nous sommes très mal conseillés. On ne responsabilise pas les patients face à ce qui leur arrive »
Que dites-vous à ceux qui traversent la même épreuve que vous et qui ont le sentiment que c’est compliqué de manger autrement ?
Dans la maladie nous sommes très mal conseillés. On ne responsabilise pas les patients face à ce qui leur arrive. On leur laisse croire qu’ils peuvent poursuivre leur vie comme avant et que les médicaments s’occuperont du reste. Si nous sommes malades, c’est que notre corps nous dit quelque chose et nous informe qu’il y a un dérèglement. Quant à changer son alimentation, ça ne s’opère pas du jour au lendemain. En trois ans j’ai modifié mon alimentation très progressivement et, aujourd’hui, pour rien au monde je ne changerais. Le contenu de mes placards a intégralement été remanié et je ne me prive de rien. Le secret c’est de ne pas se contraindre et d’y aller petit à petit.
Comment est né votre site, Curcumabox ?
C’est parti d’un projet de box, pour aider des personnes en traitement, contenant des documents pour les aider et les responsabiliser. J’ai commencé une formation en naturopathie et mon but c’est vraiment de donner des conseils. Aujourd’hui les box n’existent pas encore car j’ai fait un blog qui me prend beaucoup de temps. J’ai aussi un tas d’autres projets à côté. J’aimerais faire des choses pour les enfants dans le domaine de la nourriture. Je pense que lorsque l’on a une bonne éducation alimentaire dès le départ, c’est beaucoup plus simple de faire les bons choix et de ne pas se perdre.
Le Vitaliseur a fait partie de cette prise de conscience pour vous. Comment est-ce arrivé ?
C’est une amie qui m’en a parlé et j’ai tout de suite été convaincue. J’ai également suivi des conférences avec des personnalités, comme le professeur Joyeux, qui en parlaient aussi.
Qu’est-ce que ça a changé ?
Je le trouve très facile d’utilisation et les aliments y sont plus savoureux. C’est une façon très simple de manger plus sainement. Je n’utilise plus les mauvaises graisses surchauffées. C’est, pour moi, le jour et la nuit.
C’est quoi l’avenir pour vous ?
J’aimerais acheter un mas dans le Sud et y organiser des séminaires de naturopathie pour faire comprendre à quel point l’alimentation est essentielle. Avant ma maladie j’étais modéliste. C’était un super métier. Je fabriquais des vêtements et je me régalais. Mais voilà, la vie m’a offert autre chose !
Interview réalisée par Florent Lamiaux
