Biofuel 1000
17 04 2018

L'huile : essentiel à recycler

huile
recyclage
Environnement

« Les huiles ménagères deviendront un bio carburant pour les véhicules »

Vous êtes vous demandé ce que devenait l’huile de consommation que vous versez dans votre évier ou dans les toilettes après avoir ouvert certaines conserves de poisson, après avoir changé l’huile d’une friteuse ou vidé vos bouteilles d’huiles rances ? En France, seulement 5% des huiles sont recyclées. Que deviennent ces huiles recyclées et où partent celles qui sont jetées dans les canalisations d’eau ? Pour répondre à ces questions et informer sur l’importance de recycler un plus nombre de litres d’huile, Sylvain Denat a créé La Baraque à Huile qui fonctionne aujourd’hui dans une partie des départements de l’Ain, l’Isère, la Haute Savoie et la Savoie.

95% des huiles domestiques usagées ne sont pas recyclées, comment êtes-vous venu à faire ce constat ?

Sylvain Denat : Nous sommes partis du chiffre des ventes d’huile et du chiffre des huiles collectées. Nous nous sommes aperçus que moins de 5% des huiles étaient collectées. Même si nous avons comparé nos résultats avec ceux d’entreprises telles que Suez, il faut savoir que l’agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) n’a fait aucune étude réelle à ce sujet.


D’où viennent ces huiles non recyclées ?

Il est important de préciser qu’il ne s’agit pas des huiles usagées de la restauration qui bénéficient d’un réseau particulier. Nous collectons les huiles ménagères qui sont principalement les huiles de friture mais aussi les huiles de cuisson (fond de poêle) ou les huiles de conservation (boite de thon, sardines, tomates séchées, champignons…) sans oublier les bouteilles d’huiles rances.

Vous parlez déjà de 5% d’huiles recyclées. Qu’en fait-on ?

Les huiles sont apportées en déchèterie de manière volontaire par les usagers. Elles sont récupérées et soumises à un premier traitement de filtration pour en retirer toutes les impuretés et corps étrangers, puis elle décante pour en séparer l’eau. Enfin, elles sont transformées en matière première qui deviendra un bio carburant pour les véhicules ou un bio combustible pour alimenter des chaudières mises en place par des initiatives locales.


Que deviennent les 95% d’huiles restantes ?

Généralement elles sont jetées dans l’évier ou dans les toilettes. Ce n’est pas de la négligence. Nous pensons, au contraire, qu’une grande partie des usagers serait adepte au recyclage. Mais simplement, les gens ne savent pas. Donc jeter l’huile d’une boite de sardine dans l’évier et le contenu d’une friteuse dans les toilettes devient un geste facile pour s’en débarrasser sans avoir l’impression de polluer l’environnement. On la retrouve donc principalement dans les réseaux d’eau.

boite à huile


Et pourtant cette pollution, vous avez le sentiment que l’on en parle peu ?

C’est effectivement un sujet dont on ne parle jamais. Nous ignorons ce qui se passe dans la tuyauterie de nos robinets. Il y a pourtant une véritable architecture souterraine. Pourtant lorsque l’on visite une station d’épuration, on s’aperçoit que le traitement de ces huiles usagées est une vraie problématique. Les graisses appauvrissent les eaux en oxygène et n’arrivent pas à se purifier complètement. Il s’agit donc d’un traitement long et coûteux pour les collectivités. La ville de Londres a connu une paralysie à cause d’un gros bouchon pour ces raisons, par exemple. Nous avons donc deux axes de travail : faire savoir et faciliter l’apport volontaire de ces huiles en déchèterie.


Pour ce faire vous avez imaginé un sceau de 3 litres et une baraque à huile. Comment ça marche concrètement ?

C’est très simple. L’usager se rend dans sa déchèterie, il récupère un olibox, c’est effectivement un sceau de 3 litres dans lequel il pourra récupérer toutes les huiles usagées. Une fois le sceau plein, il le rapporte à la déchèterie, le dépose sur la baraque à huile et en récupère un vide.


Le récolteur sera forcément une déchèterie ?

Pour le moment nous sommes mandatés pour travailler en déchèterie, le lieu obligatoire pour les collectivités. Mais nous réfléchissons à une version plus « city » que nous déposerions dans des supermarchés ou des bennes à verre. Comme nous sommes conscient que nous ne pourrons pas convaincre tout le monde d’aller à la déchèterie, nous voulons nous rapprocher des usagers en s’installant, par exemple des bornes de collecte aux pieds des immeubles.


Combien de déchèteries collaborent avec vous aujourd’hui ?

Il y a une quinzaine de déchèteries équipées et cinq qui vont l’être prochainement. Notre objectif c’est de s’étendre au niveau national. Le projet a moins d’un an. Nous voulions tester le projet et le produit a déjà fortement évolué. Nous savons aujourd’hui que nous collectons plus et mieux.


Qu’est ce que ça veut dire : collecter mieux ?

Avant la baraque à huile, l’huile était collectée dans des cuves de 300, 600 voire 1000 litres. Les usagers venaient avec leurs contenants, les vidaient et repartaient avec leur contenant. Mais les gens pouvaient se tromper et y mélanger de l’huile de moteur. Entre le minéral et l’organique, les gens ne font pas forcément la différence. Si il y a seulement 3% d’huile de moteur dans l’huile végétale, l’ensemble n’est pas transformable en Bio carburant. C’est alors destiné à l’incinérateur et cela représente un coût pour la collectivité, alors que 100% des huiles végétales sont reconvertissables en bio carburant. Aujourd’hui, si nous trouvons de l’huile de moteur dans un seau, il ne contaminera jamais les autres contenants.

Propos reccueillis par Florent Lamiaux


+ https://www.labaraqueahuile.fr

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