Agricool
17 05 2017

Des containers trop cool

Biodiversité
Agriculture
Local
Urbain

Lancé en août 2015 par Guillaume Fourdinier et Gonzague Gru, fils d’agriculteurs du Nord de la France, Agricool apparaît déjà comme un projet très novateur. Ce projet se positionne dans le cadre d’une mise en place de la consommation locale et raisonnée au cœur des grandes villes pour offrir à chacun l’accès à une alimentation saine et respectueuse.


Guillaume et Gonzague sont arrivés, voici quelques années, à Paris et se heurtent très vite à la difficulté d’acheter des fruits et légumes de qualité pour retrouver le goût de ceux de leur campagne familiale. Ils réfléchissent alors à la possibilité d’apporter une nouvelle solution. Pour cela, ils commencent par produire quelques fraises dans leur appartement, avec un succès mitigé. Puis, de fil en aiguille, ils récupèrent un container dans le jardin des grands-parents de Gonzague pour cultiver ces fruits à l’intérieur. Le succès est très vite au rendez-vous et les futurs partenaires, qui ont la chance de découvrir le projet, semblent très intéressés. Agricool, qui à l’époque se nomme encore « Local local », vient de voir le jour.

« Un seul container peut fournir 7 tonnes de fraises par an»


Fort d’un concept révolutionnaire, le duo s’enrichit très vite d’une trentaine de jeunes collaborateurs qui s’installent dans des bureaux entrepôts, la « Factory ». Les deux concepteurs imposent leur vision productive et écolo : recycler des containers maritimes du port de Dunkerque, les installer en ville et les aménager pour l’hydroponie. Le projet est axé sur la technologie et l’innovation. Les deux protagonistes ont organisé une levée de fond à hauteur de 4 millions d’euros, leur permettant de prendre le temps d’étudier tous les paramètres d’une culture intense et très économe. C’est la fraise qui servira donc de test et de première exploitation pour ce nouveau mode de production urbaine.


La partie ingénierie de la Factory permet à 14 personnes d’étudier, autour du fruit, la complexité de ses besoins à travers les nutriments, la température et le taux d’humidité. « Tous les tests sont réalisés pour amener une production du meilleur fruit possible », confie Guillaume Fourdinier. Pour cela, le container est entièrement réhabilité pour recréer et optimiser l’environnement le plus propice à la pousse des végétaux. Ce sont 3 600 plants de fraises qui sont alors produits dans chaque container, par le biais d’une culture verticale en hydroponie. Un seul container peut fournir 7 tonnes de fraises par an. « Puisque nous recréons à l’intérieur la saison idéale, à savoir l’été, nous pouvons opérer 4 récoltes par an. Nous savons ce qu’implique le fait de ne pas acheter de légumes et de fruits de saison. Ils viennent souvent de loin, ont été récoltés bien avant leur maturité, ont subi de nombreux traitements chimiques pour résister et représentent une forte empreinte carbone. Mais dans le cas d’Agricool, vous mangerez toute l’année des fraises cultivées sans produits chimique, cueillies à maturité et sur un marché hyperlocal»

« Une production 120 fois supérieure à celle d’une terre agricole traditionnelle, et une économie d’eau de 90 %»


Un container regroupe l’équivalent, en surface, de 4 000 m2 de pleine terre. Avec cette technique, Agricool assure une production 120 fois supérieure à celle d’une terre agricole traditionnelle. Cette solution pourrait assurer une forte production agricole en zone urbaine. « Il y a des tas d’espaces, en ville, qui ne sont pas optimisés et qui accepteraient ces outils dont le besoin de place est restreint. Un container, c’est l’équivalent de deux places de parking»


Les deux fondateurs ont choisi l’hydroponie comme mode de culture. C’est une technique sans terre qui fonctionne en circuit fermé avec une eau chargée de nutriments, permettant ainsi une économie de 90 % d’eau par rapport à l’agriculture classique. Le seul bémol écologique réside dans la présence des LED. C’est peut-être l’unique partie consommatrice du projet, même si Agricool n’utilise que de l’énergie renouvelable.


Si le souhait d’Agricool est de permettre, à terme, l’autosuffisance des villes en matière de production locale, force est de constater que cet objectif est encore réservé pour une ville comme Paris. Pourtant, cette dernière semble très investie sur ce terrain et engage de nombreux acteurs et outils. « Le but des containers d’Agricool est de répondre à la quantité de cultures là où les végétalisations de toit restent limitées» C’est une large partie de la production urbaine  que le projet Agricool pourrait couvrir.

« Le but, c’est de répondre à la quantité de cultures là où les végétalisations de toit restent limitées»


L’autre question qui reste ouverte, lorsqu’on aborde la culture urbaine, est celle de la pollution. Or, le container maritime permet une production dégagée de cette problématique puisqu’il est fermé. « Le principe d’hydroponie évite bon nombre de problèmes qui fragilisent la plante, comme les intempéries, les insectes ou la vie microbienne. Le produit issu de cette culture sera extrêmement frais et devra être consommé rapidement ». Agricool s’éloigne donc bien de ces végétaux qui restent consommables plusieurs semaines dans votre réfrigérateur induisant, par là même, un doute peu avenant quant à leur qualité naturelle et nutritive.


Mais la jeune équipe ne s’arrête pas là, puisqu’elle envisage de susciter des vocations : « Des statistiques montrent qu’en vingt-cinq ans le nombre d’agriculteurs, en France, a été divisé par deux ». L’objectif de l’équipe d’Agricool est donc de proposer des containers aussi optimisés que possible afin que ceux qui le souhaitent puissent devenir « Cooltivateur » urbain. Pour sa part, Agricool gérera la recherche et le développement des containers, qui seront entièrement connectés par le biais d’une application gestionnaire des récoltes et implantés dans toutes les villes de l’Hexagone.


Aujourd’hui, si Agricool réfléchit secrètement à d’autres types de culture, ce sont les fraises qui sont au cœur de son développement et de sa toute récente commercialisation. « C’est l’un des fruits préférés des Français et sa saison de récolte est courte. C’est un produit sensible aux variations de température, d’humidité, très compliqué à produire et qui demande beaucoup d’exigence et d’engagement, précise encore Guillaume Fourdinier. Nous avons voulu commencer avec le plus difficile»


Aujourd’hui, trois containers sont installés et la distribution des fraises vient de débuter. À défaut de cerise, c’est la fraise qui sera sur le gâteau !


Découvrez l'interview des créateurs de Agricool sur le magazine 95° #8 (mai-juin), qui accompagne un dossier spécial sur l'agriculture urbaine !


Florent Lamiaux


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http://paris.agricool.co

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