Cuisinetherapie
26 07 2017

La cuisine comme libératrice émotionnelle

Cuisine
thérapie
Alimentation

Emmanuelle Turquet est la créatrice d’une marque créé il y a deux ans, « Papilles créatives ». Elle utilise la cuisine comme outil de développement personnel en permettant aux personnes de se reconnecter avec elles-mêmes. Se faire confiance et libérer la créativité seraient donc les enjeux de ces ateliers de trois heures. Cette art thérapeute a donc choisi la cuisine pour laisser s’extirper les fantômes les plus oubliés.


La cuisine n’est pas un outil compliqué pour une thérapie ?

Emmanuelle Turquet : Ce n’est pas compliqué de cuisiner. Il suffit de se fier à son intuition,  à ses papilles et d’improviser. J’ai 15 ans d’expérience dans un grand groupe industriel et je prépare cette reconversion depuis 2013.


Qu’est-ce qui vous a poussé à choisir l’alimentation comme outil ?

C’est une révélation qui s’est produit à une époque où je désirais changer de vie. J’ai toujours aimé cuisiner sans pour autant me considérer comme une bonne cuisinière. Mais la cuisine est une activité qui m’ancre et me permet de lâcher avec le cérébral et de revenir aux sensations. Je me suis aperçue que ça m’aidait à ralentir et reprendre confiance en moi. Je me suis dit que si ça m’aidait, ça pouvait forcément convenir à d’autres personnes. J’ai eu alors envie d’accompagner les autres dans cette découverte. Nous sommes juste dans l’instant par le toucher, le découpage des végétaux, de la viande, le plaisir de sentir les parfums et de laisser parler nos 5 sens.

Emmanuelle Turkey


La cuisine est devenue un besoin nouveau ? Il y a une prise de conscience ?

Je ne suis pas certaine de la prise de conscience. A mon niveau, j’y travaille. Les médias ont remis  la cuisine sur le devant de la scène depuis une dizaine d’années mais malheureusement il s’agit d’une cuisine qui intimide, qui inhibe car on a l’impression qu’elle n’est pas reproductible à la maison. Je rencontre des tas de gens qui me disent qu’on ne leur a jamais appris à cuisiner et qui en sont très complexés. Je m’évertue à montrer que la cuisine peut être quelque chose de tout simple. Si vous prenez la définition du dictionnaire, cuisiner c’est accommoder des aliments de telle sorte qu’ils soient agréables à la consommation et au goût.


Qu’est ce qui fait qu’aujourd’hui c’est si important ?

Je pense que nous passons notre temps à courir et parallèlement à cela,  des notions comme la pleine conscience commencent à émerger. Nous nous apercevons que nous avons besoin de nous poser pour revenir à l’essentiel et au centre de nous-mêmes. La cuisine est un outil extraordinaire pour cela car trois fois par jour nous sommes amenés à faire cette pause.


Vous permettez donc aux personnes de se reconnecter. Qu’est ce que ça veut dire ?

C’est raccorder son corps avec ses sensations naturelles, son intuition et sa confiance en soi. L’idée c’est d’oublier tout ce que l’on a appris et de se laisser guider par son instinct. J’ai concocté une épicerie et chacun laisse aller son imagination autour d’un thème comme « la courgette voyageuse » ou « la tomate dans tous ses états ». Ils sont alors obligés d’improviser et de se recentrer sur eux. Et c’est impressionnant ce que nous pouvons décoder ou mettre à jour sur soi même. Le cadre de bienveillance et de non jugement est capital durant ces ateliers. C’est donner l’autorisation à l’autre pour qu’il se la donne à lui-même. Je me souviens d’une personne qui, en regardant ce qu’il venait de réaliser m’a dit : « Tu te rends compte de ce que j’ai fait, je suis le roi du monde ».


Ca veut dire que la cuisine va nous faire travailler sur d’autres niveaux de conscience ?

La cuisine est un prétexte et pourrait remplacer le théâtre ou la pâte à modeler. Evidemment que les avantages dépassent très largement le seul spectre de la cuisine. Celui qui va réussir à se faire confiance en cuisine va comprendre qu’il peut être ainsi dans bien d’autres domaines de sa vie. Cette sorte d’audace d’autorisation et de créativité, certaines personnes l’ont perdu en devenant adultes. La cuisine thérapeutique aide à s’émanciper et larguer les amarres. J’organise des dégustations avec les 5 sens et les personnes découvrent une autre manière d’aborder la cuisine. Cela vient faire vaciller certaines croyances comme le rejet d’un aliment ou l’impossibilité de cuisiner.


Lorsque l’on parle cuisine thérapie on s’intéresse aussi à une cuisine santé ?

Ce qui m’intéresse ce sont évidemment les produits de saison et les choses simples. Je veux démontrer que nous n’avons pas besoin d’ingrédients compliqués ni de recettes complexes. Il s’agit là d’ingrédients non transformés donc forcément nous avons à faire à une cuisine santé. Ensuite je n’écarte pas l’envie parfois d’un plat plus gras ou sucré. Mais j’adhère entièrement à l’idée de la nourriture consciente.


Redécouvrir le goût et la simplicité des aliments amène forcément vers une démarche différente ensuite ?

C’est une démarche au cours de laquelle chacun prend le temps de cuisiner et se pose la question de ce qui lui plait. Et puis nous balayons un des grands arguments qui nous empêche de cuisiner, c’est : « Ca prend du temps ». Ils s’aperçoivent qu’en 15 minutes ils vont réaliser un plat très sympa. Mon meilleur argument, c’est « reconnectez-vous à vous et faites-vous plaisir. Je veux permettre à la personne de se recentrer sur elle et s’émanciper de toutes leçons de bonne ou mauvaise conduite. La cuisine est un outil extraordinaire et insuffisamment utilisé.

Interview réalisée par Florent Lamiaux


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http://www.papilles-creatives.com

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