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30 01 2018

La maladie de Lyme : et si nous étions concernés ?

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Médecine
Santé

C’est la Borrelia burgdorferi qui est à l’origine d’une maladie dont on parle encore trop peu : la maladie de Lyme. Le plus généralement à l’origine d’une morsure de tique, cette affection touche tous les organes du corps et provoque des pathologies diverses obligeant les malades à une hygiène de vie plutôt strict. Doriane d’Or a contracté cette maladie à une époque où elle était encore inconnue de la médecine française. Pour comprendre et lutter, elle est devenue naturopathe et parle de ce combat, aujourd’hui, à travers des conférences et des séminaires de formation. L’auteure de « Traiter autrement la maladie de Lyme » nous a ouvert les portes pour nous éclairer sur cette maladie qui pourrait bien être plus fréquente qu’il n’y paraît.

Doriane maladie de lyme


Comment peut-on parler de la maladie de Lyme ?

Doriane : C’est l’angoisse cette maladie ! Il y a tellement de symptômes qu’il est difficile de la dépister. Déjà ce peut-être possible si l’on est sûr et certain d’avoir été mordu par une tique. A ce moment là, nous pouvons commencer à faire les recherches.


Comment être certain d’avoir été mordu par une tique ?

Ca se voit… On a du enlever la tique. Il y a une infection autour de la morsure comme une auréole très rouge et souvent brûlante. Toutefois certaines personnes mordues ne développent pas cet érythème. C’est alors plus compliqué à dépister. J’avais 19 ans lorsque j’ai été mordue. A cette époque, nous ne connaissions pas cette maladie. Je n’ai pas eu cet érythème sur le pourtour, mais j’étais couverte de rougeurs sur tout le corps, ce qui fait que les médecins ont cru que j’avais la scarlatine. Il faut plutôt être attentif à ce qui va se passer dans les jours qui suivent. Une forte fièvre, un mal de gorge ou des symptômes grippaux peuvent manifester la présence d’une morsure de tique.


Le problème n’est-il pas que ces symptômes peuvent-être aussi liés à bien d’autres causes ?

Actuellement, en France, aucun test n’est vraiment convainquant pour diagnostiquer la maladie de Lyme. Certains pays comme l’Allemagne et les Etats-Unis se battent et font des recherches pour obtenir des tests fiables. Il faut savoir que la maladie de Lyme a du mal à se faire reconnaître par le ministère de la santé.


Depuis combien d’années êtes-vous atteinte de la maladie de Lyme ?

J’ai été mordue à l’âge de 19 ans et j’ai 63 ans aujourd’hui. J’ai traversé beaucoup d’étapes et je connais tous les stades de cette maladie à mes dépends.


A cette époque nous ne parlions pas de la maladie de Lyme ?

Non, elle a été découverte beaucoup plus tard. Je travaillais à l’époque au palais de justice de Paris. Comme on m’a diagnostiquée une scarlatine, le palais de justice avait été fermé pour être désinfecté. Au bout de quelques jours, j’avais toujours cette fièvre de plus de 40° et des rougeurs partout. Voyant que ma peau ne pelait pas (contrairement à la scarlatine), j’ai été transférée à l’hôpital, dans un pavillon des contagieux. J’y suis restée un mois tant mon cas était jugé suspect. On m’a découvert des bactéries totalement anormales qui auraient pu venir d’Afrique, sauf que je n’avais jamais quitté le territoire français. On m’a dit au bout d’un mois qu’on ne pouvait plus rien faire pour moi. J’ai été perfusée à la pénicilline durant un mois. Je n’avais plus de fer et un dérèglement important entre mes globules rouges et blancs. Ce sont là encore des symptômes de la maladie de Lyme que l’on connaît aujourd’hui. J’étais une très grande sportive et trois après ces évènements j’ai fait une polyarthrite qui m’a énormément diminuée. J’ai eu de fortes douleurs dans les articulations puis je suis devenue spasmophile. J’ai eu un gros problème de thyroïde, puisqu’on m’a diagnostiquée une thyroidite d'hashimoto. Je suis devenue, au fur et à mesure, un cobaye pour la médecine.

tique


En vous écoutant, on s’aperçoit que c’est une maladie qui est loin d’être simple et dont découle énormément de symptômes ?

Il suffit qu’un organe soit fragile pour que la bactérie s’y niche et imite les céllules de l’organe atteint en esquivant son système immunitaire pour mimétiser cette maladie.


Alors que vous avez contracté la maladie de Lyme il y a 44 ans, cela fait seulement 4 ans que votre maladie est reconnue ?

Et encore, je suis gentille de dire ça car les tests français n’ont pas été capables de révéler ma maladie. Après une infection si ancienne, il y a longtemps que la bactérie a fuit les réseaux sanguins pour migrer dans la lymphe et devient imperceptible pour les tests actuels.


Cela signifie que plus le diagnostique est posé tard, plus la maladie est compliquée à vaincre ?

Il faudrait effectivement être dépisté le plus tôt possible pour avoir des chances de pouvoir vivre normalement. Cette maladie possède 3 stades et il faut savoir qu’au bout de seulement un an, nous passons déjà au stade 2. En une année la bactérie est capable de quitter le réseau sanguin et, grâce à sa forme spirale, de traverser les organes, le cartilage, les muscles, la barrière encéphalique. Lorsqu’elle arrive au stade 3, la maladie est irrémédiable. Les gens qui me disent être guéri me font très peur. Je crois qu’on ne guérit pas de la maladie de Lyme, mais que nous pouvons simplement aller mieux. La bactérie n’attend qu’une chose : recommencer une nouvelle percée. Elle se multiplie toutes les 48h, ce qui en fait une bactérie impossible à éradiquer. Le seul moyen de savoir si l’on est atteint de la maladie de Lyme, c’est de faire un typage lymphocytaire (qui permet de dresser un bilan en profondeur du système immunitaire NDLR).


Cette bactérie dont vous parlez, c’est la borrélie ?

Oui. C’est une bactérie très ancienne dont on a retrouvé des traces sur les momies égyptiennes. Autrefois, notre système immunitaire devait être capable d’en contenir un certain taux. Malheureusement notre alimentation moderne, les pesticides et les métaux lourds que nous avons dans le corps lui ont été propices pour se développer de manière fulgurante. C’est une des bactéries intra cellulaire les plus intelligentes que les laborantins connaissent. Face à un danger, elle est capable de muter en moins de 20 minutes et transmet à sa descendance cette mutation génétique pour la protéger et lui permettre de mieux combattre ce danger.


A partir de quel moment doit-on s’inquiéter. Dès que l’on a été victime d’une morsure ?

Pas uniquement, car il faut savoir qu’une maman qui a été infestée transmet la bactérie à son enfant à la naissance. Pour mon cas, ma fille aînée semble avoir développé un système immunitaire lui permettant de se défendre, lorsque la seconde a malheureusement déjà développé les symptômes correspondants à la maladie de Lyme, à savoir des migraines à répétitions, des douleurs qui l’ont obligé à abandonner sa carrière de danseuse, d’immenses fatigues qui arrivent au moindre stress. Donc cette maladie ne se transmet pas uniquement directement par la morsure d’une tique. Aux Etats-Unis, le Dr Richard Horowitz, spécialiste mondial de Lyme, en parle beaucoup. Si une future maman a été contaminée, il est impératif de suivre son enfant pour contrôler son système immunitaire. Et aujourd’hui, nous savons que les moustiques peuvent-être porteur de la maladie. En effet, un moustique, mais aussi une puce ou un taon qui a piqué un malade ou un animal infecté et vous pique par la suite peut vous inoculer la bactérie. C’est une panique qui se prépare.


Cela veut dire qu’il y a peut-être des malades qui s’ignorent ?

Oui. Si vous êtes fatigués de façon permanente, il est important d’aller en chercher les causes car beaucoup de personnes ont la maladie de Lyme sans le savoir. Cette maladie va développer un tas de symptôme que la médecine ne pourra pas traiter puisqu’il faudra traiter la multiplication de la bactérie et renforcer le système immunitaire pour arriver à relever la tête.


Que propose la médecine aujourd’hui pour traiter la maladie de Lyme ?

Elle propose un traitement si l’on vient de se faire piquer. C’est un antibiotique intra cellulaire. Mais tous les médecins n’acceptent pas cette solution. L’ordre des médecins poursuit les professionnels qui osent donner cet antibiotique plus de 5 semaines. Pour ma part j’ai été traité à la pénicilline durant cinq semaines, c’est un intra cellulaire qui aurait dû détruire ces bactéries et je me retrouve 43 ans après avec une multiplication impressionnante de cette bactérie dans le sang. Donc ces 5 semaines n’ont pas suffit. Il faudrait pouvoir traiter tout de suite par des antibiotiques très forts sur une période suffisamment longue, mais ça n’est pas accepté par la médecine. Il reste ensuite les traitements naturels, ce vers quoi je suis allée en tant que naturopathe. Cela demande beaucoup d’investissement et une régularité parfaite puisqu’il s’agit de le prendre absolument tous les jours.


Alors que cette maladie reste encore aujourd’hui peu connue comme se vit-elle socialement ?

Nous ne sommes absolument pas reconnus. Il nous est impossible, par exemple d’être en longue maladie. A partir du stade 2 où l’on est déjà très malade, il faut se faire reconnaître à travers des maladies nerveuses comme une dépression pour accéder à un repos si nous en avons besoin. Cette maladie est un réel parcours du combattant et c’est la raison pour laquelle je me bats au quotidien pour la faire connaître. Les malades sont complètement perdus.


Quelles sont les conséquences dans votre quotidien ?

Si j’étais une personne lambda, employée d’une société ou d’une administration, cela m’aurait posé de gros problèmes car nous avons besoin de beaucoup de repos donc de nombreux arrêts et je ne l’aurais pas pu sauf être mise en longue maladie pour ma thyroïdite d’Hashimoto. Je connais énormément de victimes de cette maladie qui ne savent pas comment s’en sortir car elles ne peuvent pas se faire arrêter. Elles sont obligées d’accepter d’être mise en dépression ou arrêtées pour une maladie auto immune. On nous met plus bas que terre et vous n’avez pas idée de ce que nous pouvons endurer. Pour les médecins, nous sommes souvent perçus comme des malades imaginaires. Les médicaments ne sont pas remboursés et nous sommes obligés de dépenser en 300 et 500€ de traitements par mois. Tout le monde ne peut pas le faire.


Avant d’aborder, justement ces traitements naturel, ce fameux antibiotique pourrait avoir le pouvoir de guérir la maladie de Lyme où de seulement l’endormir ?

Pour avoir été inondée d’antibiotiques moi même, je vous dirais qu’il aurait juste tendance à l’endormir. La pathologie attend une acidification du corps pour reprendre de la vigueur. Il suffit donc d’être en stress ou de manger plus mal que d’habitude pour le voir ressurgir. La bactérie se retrouve alors en terrain conquis, prête à attaquer les organes.


Dans votre livre « Traiter autrement la maladie de Lyme », vous écrivez que dans un premier temps, les traitements naturels peuvent empirer les symptômes. C’est un passage obligé ?

Oui complètement. Je site souvent l’origan. Si vous avez un doute, je vous conseille de prendre de l’origan pendant 8 jours. Si vous n’êtes pas malade, les capsules d’origan ne vous feront rien. Au contraire, si vous êtes malade, vous allez avoir des douleurs au bout de deux jours. L’origan est en train de détruire des bactéries qui lorsqu’elles sont attaquées recrachent une lipoprotéine dont elles s’entourent, qui est un toxique pour le corps. Le foie va alors se saturer et provoquer des douleurs. D’où l’importance de drainer le foie et les émonctoires et de prendre des plantes comme l’Eupatoire ou la salsepareille pour détoxifier, au fur et à mesure, l’organisme. Avant de comprendre l’importance de ces tisanes pour drainer l’organisme, les premiers mois de traitement ont été terribles. Je ne pouvais plus sortir de chez moi et j’ai du cesser toutes mes activités Jusqu’à ce que je découvre l’importance de drainer par l’apport de tisane car mon médecin ne m’en avait pas parlé. Vous ne pouvez pas prendre un traitement sans nettoyer votre organisme, le sang et les organes, en parallèle.

schema maladie de lyme

Puisque l’on parle de lutter contre un terrain acidifié, l’alimentation va devenir un véritable allié contre la maladie de Lyme ?

Le Dr Nicolaus Carsen de la clinique BCA d'Augsburg, centre allemand de recherche, place l'alimentation comme 2ème pilier de réussite dans la mise en place thérapeutique de la maladie de Lyme. C’est énorme !


La première chose que vous évincez de votre alimentation, c’est le gluten. Pourquoi cela ?


Lorsque vous êtes atteint par cette maladie, vous avez le foie très sollicité car il doit se débattre chaque jour avec les toxines rejetées par cette bactérie lorsqu’elle meurt. L’organe qui doit nettoyer le sang, c’est le foie. Or dans notre alimentation et dans notre vie moderne, notre foie est sur sollicité. Le gluten va devenir une autre toxine à éliminer. Nous avons découvert que 50% des malades que nous suivions à l’association L’Ange gourmand (https://www.ange-gourmand.fr NDRL) et qui étaient intolérants au gluten avaient également la maladie de Lyme. Parallèlement, des études, faites aux Etats-Unis, ont prouvé que la bactérie de la maladie participe à la dégradation intestinale. Donc si la paroi intestinale devient particulièrement fragilisée, vous allez développer une intolérance au gluten.


De quelles familles d’aliment un malade de Lyme devra-t-il faire le deuil ?

En plus du gluten, le lait et les laitages qui sont très acidifiants, le café ou encore le tabac. La maladie de Lyme, c’est aussi découvrir comment nous devrions tous nous nourrir tout en renforçant le système immunitaire. Nous aurons ainsi une flore intestinale capable de mieux nous défendre. Je ne vais pas pousser des personnes à éliminer des aliments auxquels il ne sont pas intolérants, mais à être toujours raisonnable face à tout ce qui va acidifier le terrain. Nous avons fait de nombreux tests au sein de l’association. Il faut savoir que nous sommes tous, en acidification permanente même en ayant une bonne alimentation. Donc imaginez un malade de lyme qui a, de plus, une mauvaise alimentation. Ce sont alors des crises inflammatoires insupportables. Nous devons nous méfier des poissons car nous sommes déjà surchargés de métaux lourds. La Borrélie a compris que les molécules de métaux lourds pouvaient lui servir de bouclier. Donc, nous stockons beaucoup plus de métaux lourds puisque c’est cette bactérie qui s’en sert. Pour ma part, je ne peux plus manger de poisson, même des petites sardines, au risque d’avoir des trémulations toute la nuit proches de l’agonie (Ce sont tous les organes vitaux qui tremblent).


Quels seront alors les grands alliés des placards ?

En cuisine, ce sera les légumes crus. Mais comme les malades de Lyme ont des intestins fragiles, il faut y aller progressivement. Je vais conseiller des jus de légumes verts pour détoxifier l’organisme. Eviter les légumes sucrés car la Borrélie se nourrit du sucre. Il faut privilégier les légumes et la cuisine vapeur. Je conseille les oléagineux. Et il faut prendre des compléments alimentaires tous les jours. Nous manquons de Zinc car la Borrélie s’en sert et nous détruit les yeux. Nous manquons de Fer et de vitamine D. Nous avons besoin de Sélénium et de Vitamine C à outrance. Ce sont les compléments alimentaires à prendre chaque jour car nous ne les trouvons pas assez disponibles dans l’alimentation.


La viande est donc aussi à bannir ?

Il ne faut pas tomber dans l’excès et surtout pas, lorsque l’on a cette maladie. La viande est importante et je conseille plutôt la volaille. Etre vegan avec cette maladie est très compliqué.


Lorsque l’on se penche sur les solutions, les traitements naturels semblent particulièrement compliqués. C’est une réalité ?

Oui, c’est la raison pour laquelle j’organise des petits groupes de séminaire, à qui je délivre des conseils pour y arriver. Il faut connaître ses fragilités pour connaître les méthodes naturelles à s’appliquer et surtout à quel moment les prendre. Par exemple, on ne traite pas son foie le matin, mais le soir. Si l’on veut obtenir un travail efficace.

Propos recueillis par Florent Lamiaux

+ Traiter autrement la maladie de Lyme de Doriane (Editions Guy Trédaniel)

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