Une équipe de chercheurs canadiens menée par le Dr Mohit Kapoor vient de découvrir une molécule qui pourrait être capable d’arrêter la progression de l’arthrose. Une révolution face à une maladie que la médecine a relégué au rang de fatalité… par manque de moyens.

Le Dr Mohit Kapoor, professeur agrégé du département de chirurgie de l’Université de Toronto et scientifique principal de l’Institut de recherche Krembil (Toronto Western Research Institute), et son équipe portent un espoir énorme pour toutes les personnes touchées ou qui pourraient être touchées un jour par l’arthrose. Jusqu’à présent, il n'existe aucun médicament modifiant l’état de la maladie. La médecine ne peut, au mieux, que soulager les douleurs. Mais une petite révolution est en marche avec la découverte d’une solution, un véritable traitement. « Il montre des résultats prometteurs lors des expériences précliniques en arrêtant la progression de l'arthrose », précise le scientifique.

C’est en 2016 que l’équipe découvre et isole une molécule du nom de microARN-181a-5p. Elle joue un rôle particulièrement actif et se trouve à l’origine de la destruction du cartilage et des articulations. « Elle est très élevée dans le cartilage des patients souffrant d'arthrose de la colonne vertébrale», poursuit le Dr Mohit Kapoor.

En étudiant un panel de patients souffrant de différents degrés de sévérité de l'arthrose de la colonne vertébrale, l’équipe de scientifiques a découvert la présence accrue de cette molécule et son action destructrice du cartilage. Après de longues expérimentations, l’équipe crée le premier médicament antisens capable de stopper microARN-181a-5p. « Dans notre dernière publication, nous avons utilisé des modèles animaux précliniques d'arthrose du genou et de la colonne vertébrale pour vérifier si l'injection locale d'oligonucléotides antisens microARN-181a-5p dans l'articulation pouvait limiter la dégénérescence du cartilage. Nous avons observé une réduction de l'activité destructrice du cartilage, réduisant ainsi la gravité de l'arthrose. Nous avons également utilisé des méthodes in vitro pour déterminer les effets d’oligonucléotides antisens microARN-181a-5p à l’aide de cellules de patients présentant une arthrose de la colonne vertébrale et du genou. Les résultats ont démontré une réduction de l'expression des facteurs nocifs conduisant à la destruction du cartilage », explique le Dr. Akihiro Nakamura, premier auteur de cet article.

« Si les résultats montrent que le traitement est sûr et efficace, nous prévoyons de lancer des essais cliniques dans un proche avenir »

À ce jour, ce bloqueur n'a pas été testé directement chez l'homme. « Nous avons utilisé des cellules humaines de patients souffrant d'arthrose du genou et de la colonne vertébrale pour tester l'effet de ce bloquant. Les résultats ont montré que les oligonucléotides antisens 181a-5p sont capables de réduire la production de molécules nocives destructrices du cartilage », reprend le Dr Kapoor.

Ce bloqueur pourrait être administré par le biais d’une injection locale. Dans un univers où aucun médicament ne peut aider à ralentir ou à stopper l’arthrose, cette avancée s’annonce comme une véritable révolution dans le domaine du soin.

Si les chercheurs affirment que ce traitement sera efficace pour lutter contre la destruction des cartilages et des articulations du genou et de la colonne vertébrale, ils n’excluent pas qu’il puisse être aussi actif pour l’ensemble des articulations et des cartilages du corps. Mais pour le certifier, des approfondissements sont nécessaires.

« Nous étudions actuellement la sécurité et la meilleure dose thérapeutique, ainsi que la méthode optimale pour l'administration locale de ce bloquant. Si ces résultats montrent qu’il est sûr et efficace, nous prévoyons de lancer des essais cliniques dans un proche avenir », confie le Dr Mohit Kapoor.

Les recherches ne s’arrêtent pas là et l’équipe du Dr Kapoor œuvre déjà à d’autres stratégies pour bannir l’arthrose. L’avenir porte donc à croire que nous pourrons un jour guérir de l’arthrose.

Interview réalisée par Florent Lamiaux.

Cet article est issu du magazine 95° #18 janvier février 2019 spécial pot-au-feu et arthrose.