Pour perdre du poids… Pas de régime !

Le Docteur Didier Panizza est spécialiste des problèmes de surpoids et d’obésité. Luttant contre le principe « Vous mangez trop, vous grossissez », il s’appuie sur le discours de ses patients et une expérience personnelle pour s’engager sur la résolution profonde de cette pathologie. L’auteur de « Grossir, c'est surtout mal fonctionner », « Stratégie pour maigrir ! » et tout récemment « L'intestin et le poids », nous explique les raisons pour lesquelles, pour perdre du poids, il ne faut surtout pas faire de régime.

Pourquoi prend-t-on du poids ?

Didier Panizza : Nous prenons du poids car quelque chose fonctionne mal dans le corps. La première des choses est d’identifier ce qui fonctionne mal et pour se faire nous avons un certain nombre d’outils.

Pourtant face à la prise de poids, médecins et médias nous conseillent de faire un régime. Qui dit régime dit alimentation restrictive. Faut-il débuter par un régime ?

Pour contourner le mot « Régime », je dirais qu’il faut mettre de l’ordre dans son alimentation. Je n’aime pas parler de régime car je considère que lorsque l’on grossi c’est que quelque chose ne va pas, mais il faut tout de même commencer par se poser la question : Mange-t-on convenablement ? Notre alimentation est-elle équilibrée ?

Il y alors des standards que tout le monde connaît : Respecter le rythme alimentaire (matin, midi et soir) et faire des repas qui contiennent des protéines, de bonnes graisses et des sucres. Pour ces derniers il est de bon ton de tenir compte de toutes sortes de catégories de sucres qui n’ont ni la même valeur, ni le même impact sur la santé. Donc la première des choses c’est identifier l’alimentation et y remettre de l’ordre.

Parmi vos outils il y a des repères particuliers pour comprendre l’origine d’une prise de poids ?

Nous avons des repères cliniques. Grossit-on du ventre ? Des cuisses ? du haut du corps ? Le ventre est-il arrondi ? Porté sur le devant ? Et puis il y a des symptômes. Si la personne a toujours envie de dormir après son repas ou si elle a toujours froid ce sont des indicateurs que quelque chose fonctionne mal. Nous pouvons être amené à faire des examens un peu plus poussés comme un scanner permettant de nous renseigner sur plein de choses et notamment les disfonctionnements. Nous pouvons connaître ainsi les besoins d’un corps pour fonctionner mieux comme augmenter la Vitamine D pour améliorer le rendement de sa thyroïde ou le fonctionnement du pancréas, par exemple. L’aliment est toujours un outil extraordinaire et à utiliser en première intention, mais à adapter en fonction de l’individu.

C’est quoi le danger des régimes ?

D’abord ça ne fonctionne pas. Nous n’avons jamais vu une personne résoudre ses problèmes de poids avec un simple régime. Et puis cela crée des dérèglements. Nous sommes, avec le surpoids, déjà dans un système de dérèglement, et nous allons en créer d’autres. La restriction alimentaire peut même créer des dérèglements définitifs comme ce peut être le cas avec la thyroïde. Avec la restriction alimentaire, nous supprimons un certain nombre d’éléments absolument essentiels pour la santé et particulièrement pour la fabrication de nos enzymes. Par exemple, si nous manquons de Zinc nous allons perturber l’enzyme qui permet à la thyroïde de fonctionner. Quelque fois il est compliqué de retrouver des fonctions optimales.

Pourquoi dites-vous qu’un régime ne marche jamais ?

Parce que s’il est vrai que vous allez perdre sur la balance quelques kilos, personne ne sait où ils ont été perdus. A-t-on perdu de la mauvaise graisse ? De la masse musculaire ? De l’eau ? La balance montre un résultat global. Lorsque l’on fait une restriction alimentaire sans qu’il y ait forcément quelque chose à corriger, on va perdre d’abord de la bonne graisse, celle qu’il ne fallait pas éliminer, de l’eau et de la masse musculaire. Et au final, on regrossi par la suite.

Pourquoi regrossi-t-on après un régime ?

La personne grossit parce que quelque chose fonctionne mal. Si on ne corrige pas cela, après le régime, le corps retrouve la même situation et va se comporter comme avant voire pire.

La frustration joue un rôle ?

Bien sûr, faire des régimes restrictifs est très frustrant et c’est la raison pour laquelle nous ne tenons jamais très longtemps ; le corps a besoin de tout un tas de choses et si on ne lui amène pas, on se retrouve en situation de frustration et même de carences.

On associe souvent salade et régimes ou contrôle du poids. Qu’en pensez-vous ?

Il existe plusieurs choses derrière l’appellation « Salade ». Lorsque l’on parle de restriction alimentaire, on sait que l’on parle de salade verte sans rien, voire même pas la vinaigrette. On se rempli alors l’estomac avec des fibres. Dans ce cas, ça ne peut pas être quelque chose de bien. Toutefois une salade composée contient des protéines, des graisses et du bon sucre. Elle permet de faire un repas complet et équilibré.

Pourtant bon nombre de professionnels de la santé passent par la case régime lorsqu’ils conseillent la perte de poids ?

C’est surtout de l’ignorance. C’est la raison pour laquelle, nous ne pouvons pas dire : « vous avez grossi, allez voir le nutritionniste ». Son métier, c’est de parler d’alimentation, mais il ne devrait pas résoudre un problème de poids par l’alimentation, car il sera automatiquement obligé de faire de la restriction alimentaire. Il faut faire attention à ne pas tout mélanger. Hélas, c’est ce que nous faisons. Nous mélangeons les mauvaises hygiènes de vie avec ceux qui ont des problèmes. Ceux qui ne représentent qu’une mauvaise hygiène de vie représente 5% des problèmes de poids. Pour le reste, c’est une histoire de dérèglement.

Le microbiote c’est le cœur du problème ?

L’intestin joue un rôle essentiel dans la santé et le microbiote qui le peuple et travaille pour nous joue aussi un rôle primordial. Lorsqu’il se dérègle, il contribue à faire grossir. Le déséquilibre du microbiote nous informe de la présence d’une surpopulation d’une famille de bactéries.

Propos recueillis par Floent Lamiaux

+ L'intestin et le poids du Docteur Didier Panizza (ed. Géoreflet)