Grossesse
10 07 2019

9 mois pour convaincre

grossesse, bébé, santé

Apprendre que l’on va devenir maman est un moment inoubliable pour la plupart des femmes. Mais alors qu’elle s’apprête à donner la vie, bon nombre de questions et de prises de conscience viennent s’imposer à la future maman, à commencer par l’alimentation qui doit accompagner les neuf mois à venir. Virginie Bales, diététicienne et nutritionniste depuis 20 ans s’est très largement penchée sur les secrets d’une harmonie alimentaire mère/enfant.


La grossesse va-t-elle être une véritable remise en question de son rapport à l’alimentation ?

Virginie Bales : Souvent je le constate et j’aurais tendance à l’encourager. C’est une période où tout à coup nous allons faire attention à ce que nous offrons à notre corps. Ce n’est pas une alimentation particulière aux femmes enceintes, c’est une alimentation que nous devrions tous avoir. Il est vrai, qu’avant d’avoir des enfants, cette connexion ne se fait pas toujours.


« Le liquide amiotique doit se renouveler toutes les 24h et il le fera en fonction de l’eau que va boire la maman »


Durant les neuf mois de grossesse, vous dites que le second mois est le plus éprouvant, pour quelle raison ?


A chaque heure de la grossesse il se passe quelque chose au niveau du métabolisme. Parallèlement à cela, le bébé se construit. Ce développement, particulièrement au second mois, va demander énormément de nutriments et cet état va être fatiguant pour la future maman car le bébé va absorber énormément.


Vous rappeler que durant sa grossesse, une femme ne va pas devoir manger, deux fois plus, mais deux fois mieux. C’est une évidence qui fait son chemin aujourd’hui ?


L’idée qu’il faut manger pour deux est très ancrée dans l’inconscient collectif. C’est la première croyance que je fais tomber. Nous mangeons pour construire un deuxième, c’est très différent. Et pour cela, nous avons besoin d’une alimentation d’une grande qualité. Ce n’est pas simple, mais c’est faisable. Car dans le cas contraire, il faut prendre conscience que l’enfant se construit avec quelques désagréments.


La santé de l’enfant se définira à partir de l’alimentation de la future maman ?

Il y aura, dans tous les cas, un fort impact. Cela passe aussi par ce que l’on appelle l’épigénétique. Il ne s’agit pas uniquement de ce que l’on a fait, mais aussi des habitudes que l’on a prises et que l’on donnera ensuite à son enfant. L’alimentation et sa prise de conscience ne s’arrêtent pas à la grossesse. Faire attention durant neuf mois pour faire n’importe quoi ensuite, ça ne sert à rien. L’alimentation, ce n’est pas que du plaisir, c’est aussi nourrir son corps. Il est important de mettre autant d’attention à nourrir son corps qu’à mettre la bonne essence pour faire rouler sa voiture.


« La gestion du poids durant une grossesse a de vrais impacts sur le métabolisme et le bébé qui se construit »


gestion du poids chez la maman


Les futures générations ont-elles plus de chances grâce à cette prise de conscience ?


Ils auront plus de chance que les bébés nés il y a 10 ou 20 ans mais pas forcément plus que ceux nés il y a plus de 50 ans. Il y a 50 ans, il n’y avait pas cette industrie alimentaire qui, au final pourrie tout. A l’époque où nous mangions des aliments sains, de saison et cuisinés maison, il n’y avait pas tellement de problèmes. Les difficultés concernent les personnes qui ont maximum 30 ans aujourd’hui.


Pour vous l’eau reste un des éléments très importants de la grossesse. En quoi l’est-elle ?

Le corps d’un adulte est composé, en moyenne, de 50% d’eau, celui d’un enfant à la naissance est de 70%. Cette eau doit, sans cesse, se régénérer. Le liquide amniotique doit se renouveler toutes les 24h et il le fera en fonction de l’eau que va boire la maman. Si elle ne le renouvelle pas régulièrement, le liquide amniotique va être très concentré et constituer des excréments du foetus et le bébé l’avale. Un manque de renouvellement, à l’extrême, pourrait occasionner un empoisonnement.


Le choix de l’eau que la future maman consomme va être important aussi ?


Si elle peut prendre une eau riche en magnésium c’est bien. Je conseille personnellement plutôt l’eau en bouteille. Je fais partie de ceux qui pensent que l’eau du robinet possède des polluant et que tout n’y est pas testé. Et si nous découvrions demain qu’elle est polluée nous aurions largement le temps d’être infectés. Je pense que particulièrement durant une grossesse, ce n’est pas une bonne chose de consommer de l’eau du robinet.

eau de source

Nous savons que trop de prise de poids durant la grossesse peut être un handicap pour la maman, mais vous rappelez qu’une perte de poids durant cette période pourrait entrainer des difficultés de gestions de poids pour les générations futures ?


J’ai effectivement fait pas mal de recherches et il s’avère que la gestion du poids durant une grossesse a de vrais impacts sur le métabolisme et évidemment le bébé qui se construit. Il y a des femmes qui cherchent à se mettre au régime durant leur grossesse. Or le métabolisme n’est pas, à ce moment précis, constitué pour cela. Donc la future maman va devoir forcer le métabolisme et déclencher certains déséquilibres qui peuvent avoir des conséquences sur le bébé et ses descendances.


Une mauvaise alimentation, c’est un futur bébé carencé ?


La maman va être carencée avant le bébé car il se sert toujours en premier. Nous pouvons arriver à des bébés carencés si vraiment l’alimentation de la maman est totalement anarchique. Ceci dit, c’est très rare de tester d’éventuelles carences chez un bébé.


Pour éviter cela, on se dirige à fond sur les omégas 3 ?


Oui, plus que tout ! Ils permettent la construction du cerveau et de toutes les cellules du corps. Il n’y en a généralement pas assez dans notre alimentation et bien souvent les femmes en manquent. La peau sèche, chez les femmes, indique un manque d’Omega 3. On va les trouver dans les poissons gras et je vous conseille plutôt les petits poissons type sardines ou maquereaux car les plus gros comme le thon ou le saumon contiennent souvent des traces de mercure. Vous pourrez utiliser des huiles riches en Oméga 3, des graines écrasées comme les graines de lin. Sinon, vous trouvez aussi des gélules d’Oméga 3.


Supprimer le lait de vache et le gluten durant la grossesse serait bénéfique pour le bébé. Comment explique-t-on cela ?


Ce sont des messages assez nouveaux pour le grand public. Le lait de vache n’a aucun intérêt pour l’Homme et il est même plutôt toxique. Le gluten, à l’origine, n’est pas très grave. Les gens en consommaient, il y a plus de 50 ans et n’avait pas autant de problème qu’aujourd’hui. Le problème, de nos jours, c’est que l’on trouve du gluten partout et dans toutes les préparations et il devient toxique pour l’intestin. Et nous savons que cet organe est pour une très grande part responsable de notre santé. Pour permettre à la future maman de conserver une intégrité intestinale en bon état pour permettre au bébé de s’en nourrir au moment de sa naissance, je conseille effectivement d’éviter le gluten.


Côté cuisson, c’est la vapeur douce qui retient vos faveurs. Pourquoi est-ce un mode cuisson particulièrement préconisé ?


En règle générale, la cuisson transforme les structures des aliments. Une cuisson à trop forte température va même produire des toxines. Elles sont donc à totalement éviter. La vapeur douce est celle qui les transforme le moins. Enfin les vitamines sont très fragiles et la vapeur douce permet d’avantage de les préserver.

Pour éviter une fausse couche, il faudrait justement une alimentation riche en vitamines, minéraux et poissons gras. Comment est-ce possible ?

La grossesse à risque ce n’est pas que du repos et l’arrêt de toutes activités comme le suggère souvent les gynécologues. L’alimentation semble effectivement jouer sur les complications. Pour cela je m’appuie sur plusieurs études. Que se passe-t-il réellement dans le corps de la maman pour affirmer qu’une richesse en vitamine permettra un accouchement à terme ? Je ne serais pas vraiment y répondre. On peut juste imaginer qu’une carence en oméga 3 va compliquer la formation du bébé et que le corps va naturellement l’éjecter ou que cela provoquera d’avantage de contractions musculaires et, de ce fait, une fausse couche. Beaucoup de suppositions ne sont pas vérifiées mais le constat est claire : il y a beaucoup moins de fausses couches chez les mamans qui prennent suffisamment d’Oméga 3, de vitamines et de minéraux.


Interview réalisée par Florent Lamiaux

+ 9 mois food de Virginie Bales (Editions Mango)


« A l’époque où nous mangions des aliments sains, de saison et cuisinés maison, il n’y avait pas tellement de problèmes »


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